Brève alpine
Pour la n-ième fois, le documentaire du moment concerne les Alpes, source quasi-inépuisable de belles images pour chaînes kulturelles ou pas. Mais surtout, pour la n-ième fois, je me plonge avec un certain plaisir dans le petit jeu qui consiste à retrouver le nom utilisé dans telle langue pour désigner tel lieu.
J’t’essplique : le Reschensee, en français, c’est le lac de Resia, parce que le français se calque sur son nom italien, lago di Resia. Le Matterhorn, c’est bien sûr le Cervin, hein, on le sait ; l’Etsch, l’Adige ; et le Langkofel, le Sassolungo (lequel devient le Saslonch ou Sass Lònch en ladin, le saviez-vous ?). Bizarrement, le nom allemand du lac Majeur (Langensee) n’est pas utilisé dans le docu, il est identifié comme Lago Maggiore (avé l’assent). Idem pour le col di Lana. Un synthé pré-incrusté dans la vidéo m’indique que l’Außerraschötz est connu sous le nom de Rasciesa Dedora par le randonneur francophone. Le Vierwaldstättersee devient fort logiquement le lac des Quatre Cantons. Le Großglockner devient charitablement Grossglockner dans notre langue, une lettre bizarre de moins, c’est toujours ça de pris. Le Gaislachkogl, le Ferlacher Horn et le Predigtstuhl n’ont malheureusement pas de nom français, a priori. Je dis malheureusement parce que j’entends par avance le comédien s’étrangler en lisant ces amas de syllabes germaniques. (En revanche, le Ferlacher Horn, en raison de sa situation géographique, dispose d’un nom slovène, le Grlovec, qui sera bien pratique quand le docu sera exporté, si ça se trouve.) Et je vous épargne les cas où la narration s’attarde sur l’étymologie d’un nom allemand qui n’est pas la même en français – ou peut-être si quand même mais ça dépend des sources.
Bref, c’est un joli méli-mélo, un jeu de piste que j’aime bien retrouver et qui fait une partie du charme des docus récurrents (par ailleurs pas extrêmement variés, avouons-le) consacrés à ce gros tas de pierre multiculturel s’il en est réparti sur l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Autriche, la Suisse, le Liechtenstein et la Slovénie (ah, et Monaco, oui-oui), j’espère n’oublier personne.
Du coup j’ai fait gloups en tombant sur cet article sur le site de la Commission internationale pour la protection des Alpes (CIPRA) qui racontait ce qui suit :
Kwâ ?, ai-je éructé in petto, plus atterrée que vraiment surprise par cette nouvelle initiative de l’Organisation aux idées toujours brillantes.
Et puis j’ai regardé la date de l’article – 1er avril 2012. OK, le paragraphe sur les bouillottes, si je l’avais lu, aurait pu vaguement me mettre sur la voie. Et j’ai souri parce que quand même, c’était un joli poisson pour linguistes alpinophiles.
Donc tout va bien : le prochain docu sur les Alpes sera toujours aussi divertissant, toponymement parlant. Et le suivant. Et celui d’après.
Hihi.