Les Piles intermédiaires

Le quotidien bordélique d'une traductrice à l'assaut des idées reçues. (Et des portes ouvertes, aussi, parfois.)

Le mois où

C’est le mois où j’ai téléphoné et le mois où j’ai repris. Le mois où j’ai signé, le mois où j’ai réceptionné et commencé à emballer. Le mois où j’ai reçu et le mois où j’ai bu. Le mois où j’ai pesté et le mois où je n’ai pas regretté. Bref, le mois qui m’a semblé décliner sur tous les tons cette maxime photographiée fin septembre dans une vitrine de librairie à Milan (non, ce n’est pas moi de dos) (en cycliste et talons plats à Milan ? nan mais vous rigolez) :

Elle portait des plis, la maxime, fin septembre. On sentait que ce n’était pas encore tout à fait à l’ordre du jour de « voltare pagina », tourner la page.

Depuis, deux mois d’eau ont coulé sous les ponts et j’y suis presque. La maxime a dû se défroisser un peu parce qu’elle commence à prendre forme. Novembre, c’est le mois où j’ai rappelé mes principaux anciens clients en tremblant et en espérant très fort que mon nom leur dirait vaguement quelque chose. L’accueil a été plutôt bienveillant, on verra à l’usage.

C’est aussi le mois où j’ai repris la traduction audiovisuelle : je ne suis qu’émotion et pur bonheur (je vous jure). Le client, c’est le plus ancien, celui qui me proposa ma première traduction rémunérée en octobre 2003, je suis d’autant plus ravie de recommencer à travailler avec lui. Les deux petits programmes qu’il m’a confiés pour la Chaîne-Kulturelle-qui-j’espère-me-refera-bientôt-vivre sont idéaux pour reprendre. (Émotion et pur bonheur, j’vous dis.) (Pour l’instant.)

C’est heureusement aussi le mois où j’ai signé mon bail. L’appartement me plaît beaucoup, il lui manquerait 10 m² pour être complètement absolument totalement parfait comme l’était l’avant-dernier, mais il est ultra-central et bien fichu, situé en face d’une librairie d’occase qui va fermer mais tant pis, et surtout, il me paraît parfait pour travailler et recevoir des potes, ce qui est quand même l’essentiel.

Conséquence logique du point précédent, c’est le mois où j’ai réceptionné 140 cartons de déménagement un matin à l’aube. J’ai donc ressorti le gros scotch qui fait scrooouuuïntch, les ciseaux et les marqueurs, l’intégrale de Friends pour me tenir compagnie, et j’ai commencé à remettre en boîte cette vingtaine de mois passés dans une ville à laquelle je n’ai jamais réussi à m’intéresser, tout en essayant de faire un peu de tri.

C’est le mois où se sont télescopées plusieurs occasions de passer du bon temps en bonne compagnie. La visite des amis strasbourgeois qui tenaient – les fous – à (re)venir une dernière fois à Luxembourg avant que j’en parte : tant de soirées sympas qui s’annoncent, joie par anticipation de retrouver des gens que j’aime. Et puis les derniers apéros informels au bureau, le début de la série des pots et des dîners d’adieu : petit serrement de cœur entre deux verres rigolades, tristesse par anticipation de quitter d’autres gens que j’aime.

C’est le mois où on a cru me faire plaisir – supposé-je – en me confiant à l’Organisation un micro-sous-titrage de 2 min 30, mais sans du tout me donner les moyens de le faire (quand je dis « moyens », je pense à un fichier vidéo, par exemple). Le mois aussi où j’ai entendu pis que pendre sur les confrères indépendants qui travaillent pour mon service lors d’une réunion mémorable. Le mois où on a manifestement décidé de charger la mule (= moi) avant qu’elle parte (ou alors j’ai plus de mal à me concentrer pour faire ce que j’ai à faire dans le temps imparti, ce n’est pas complètement exclu). Alors c’est le mois où, vraiment, je n’ai pas regretté ma décision.

Il me reste deux semaines de boulot bien remplies à l’Organisation, 107 cartons à faire, du boulot à côté, un troisième week-end de suite à Luxembourg (gasp!), des cadeaux de Noël à trouver, des démarches, un déménagement, les fêtes de fin d’année, du boulot à côté toujours j’espère, un site pro à finir, d’autres démarches, quelques bricoles en plus, sans oublier de grandes interrogations personnelles dont je vous épargne le détail mais qui m’occupent beaucoup l’esprit : bref, décembre risque d’être un peu pauvre en billets pilesques, mes petits loupiots, j’ai des soirées trop chargées pour bloguer. On en reparle, hein.

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