Les Piles intermédiaires

Le quotidien bordélique d'une traductrice à l'assaut des idées reçues. (Et des portes ouvertes, aussi, parfois.)

Les Piles dansent la jota

Pour des raisons d’incompétence totale, vous l’aurez remarqué, votre blogueuse dévouée vous parle rarement de son amour pour le castillan ou le catalan.

Pourtant, il arrive qu’elle se pose, lors de la traduction d’un documentaire allemand consacré à Barcelone (exemple au pif), des questions existentielles sur la prononciation du prénom Xavier en catalan (on dit « chavière », vraiment-vraiment ? et pourquoi pas « ravière » comme Bardem ?)

Alors elle appelle à la rescousse sa consoeur et lectrice Tiz qui la tire de ce mauvais pas avec une maestria incomparable et force explications… et lui concocte en prime un billet pour sa rubrique « Blogueur invité », comme ça, pof, au pied levé.

D’une part, je suis ravie que ladite rubrique inspire mes chers lecteurs et de l’autre, ça me fait très plaisir d’avoir l’occasion d’ouvrir ce blog à des horizons linguistiques différents de d’habitude. Et puis ces jours-ci, je suis charrette comme c’est pas permis et j’ai un train à prendre demain, alors je suis contente de filer les clés à quelqu’un.

Merci, Tiz !

Allez savoir pourquoi, Les Piles s’intéressent à la jota.

Non pas tant à la danse du même nom, contrairement à ce que l’intitulé de ce modeste billet peut faire penser (mais à tous les coups, elle va me demander un topo là-dessus aussi) qu’à la lettre « j » qui, en espagnol, s’appelle ainsi.

Ce qui turlupine les Piles, c’est de savoir pourquoi on a donné le nom de « jota » au son guttural « j ». Car, oui, les Piles sont parfois turlupinées par des trucs qui n’empêchent personne d’autre de dormir la siesta.

Après une très vague enquête approfondie destinée à me débarrasser de cette lubie dont elle a entrepris de me rendre victime soulager cette terrible démangeaison terminologique chez notre amie commune, j’ai trouvé ce qui suit. Les spécialistes rectifieront si besoin, car j’avoue n’avoir guère cherché plus loin que dans Uikipedia, que j’ai pompée sin verguenza.

Le nom de « jota » vient tout simplement du iota, bref, l’ancêtre du « i ». Lecteurs avisés comme je vous connais, vous me direz : « Ah ouais, le “i” c’est guttural, peut-être ?? » ou « C’est ça, fais-nous prendre des vessies voyelles pour des lanternes consonnes. »

C’est que, dans l’ancien temps, les mots espagnols qui s’orthographient aujourd’hui avec une jota s’écrivaient avec un « x », comme dans le célèbre ejemplo exemple de Don Quixote, devenu Don Quijote dans sa graphie moderne. Ce « x » se prononçait « ch ». « Comme dans “Don Quichotte” en français ? » Oui, intelligent Lecteur des Piles, tu as parfaitement compris. Notons au passage que s’il en était encore ainsi aujourd’hui, nos gosiers francophones auraient un peu moins de mal à apprendre à prononcer la langue de Cervantes ;(

Mais au XVIIe siècle, pour une raison non éclaircie par Uikipedia (vague de froid sur la péninsule ibérique ? multiplication des naissances amenant les mères de famille à donner encore plus de la voix pour se faire entendre de leurs niños, d’où enrouement général ?), le son « ch » évolua pour devenir guttural. Et au siècle suivant, une réforme de l’orthographe eut pour effet de remplacer la graphie « x » par la graphie « j ». ¡Gracias, Uiki!

A part ça, j’vous demande l’origine du Umlaut ou de l’imprononçable du « th » anglais, moi ? Ben oui, tiens. A vous de prendre le relais. Qu’est-ce qu’on ferait pas pour lui faire plaisir, hein ?

Signé : Tiza

Les Piles et The Man dans une brillante démonstration
de jota au festival de… non, laissez tomber,
je vois bien que vous n’y croyez pas.

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