Histoire de titres (ou : on se demande à quoi on sert, parfois)
En traduction de documentaires, on nous demande parfois à nous, adaptateurs, de proposer des titres pour les programmes qu’on traduit. Pas toujours, c’est variable. La Chaîne-Kulturelle-qui-me-fait-vivre trouve ses titres toute seule comme une grande avant même de faire traduire les programmes. La chaîne de télé-réalité qui me faisait vivre à une époque avec sa jumelle de presque télé-réalité se débrouillait aussi sans faire appel aux traducteurs, entre jeux de mots faiblards assumés et idées parfois pittoresques…
« Nice House, Shame About the Garden » : « Ciel, mon jardin ! »
« Build a New Life in the Country » : « Tous au vert ! »
« Location, Location, Location » : « Toit, toit, mon toit »
« Diva on a Dime » : « Fauchée mais bien fringuée »
« Yummy Mummy » : « Des mamans dans le vent »
« Risking it all » : « Leur petite entreprise »
… mais aussi idées plus, disons, plates…
« How It’s Made » : « Comment c’est fait »
(Wow !!!!)
… voire, douteuses :
« Spendaholics » : « La fièvre acheteuse »
(Moi, ça me fait rire.) (Il m’en faut peu.) (Bref.)
En revanche, la chaîne du service public qui s’allume quand on appuie sur la touche 5 de sa télécommande, elle, elle aime bien demander aux traducteurs de proposer des titres.
Trois titres, tant qu’à faire.
Et le brief artistique de ladite chaîne précise:
Alors honnêtement, ce n’est pas du tout mon truc, les titres « courts, drôles, percutants à la Libé » ; je me sens aussi inspirée dans cet exercice qu’une poule devant un couteau. Et puis je me garde ça pour la fin, bien sûr, histoire de ne plus avoir le temps de remettre au lendemain. Mais je suis bonne pâte, hein, alors je les propose quand même, mes trois titres, même si je doute fort qu’ils soient très très Libé-compatibles.
Donc pour le docu intitulé en VO « Moray Eels – Alien Empire » (pour faire peur, parce qu’elles sont trop méchantes, les murènes), j’ai soumis consciencieusement mes trois pôv’ propositions :
Et pour celui qui parlait des gros méchants prédateurs et de leurs armes, et faisait partie d’une série animalière intitulée « Superprédateurs » (mais on ne m’avait pas dit que c’était un épisode d’une série, sinon j’aurais peut-être cherché différemment), je m’y suis collée aussi :
(Bon, c’est sûr, faut que ça plaise. Et c’est sûr aussi, ça ressemble plus au bulletin annuel de l’amicale des taxidermistes de Combloux-en-Chassard qu’à la une de Libé.)
En tout cas, le résultat des courses, au vu du programme de la chaîne, confirme l’idée développée ici même par votre blogueuse dévouée : ce sont bien les diffuseurs qui choisissent les titres.
Et quels titres.
Donc, récapitulons :
« Murènes ».
« Les armes ».
Ah ouais, quand même. Ils vont être contents, chez Libé.