Les Piles intermédiaires

Le quotidien bordélique d'une traductrice à l'assaut des idées reçues. (Et des portes ouvertes, aussi, parfois.)

Dilemme familial

J’aime bien Cousine C. et son mari G. Ils sont jeunes et sympathiques, pas prise de tête, en un mot : coolos. On se parle au téléphone une fois tous les trois ans et on ne se croise qu’aux enterrements et aux mariages (et c’est bien dommage parce que tout se perd ma bonne dame), mais c’est toujours un plaisir.

Mais. Mais-mais-mais-mais-mais. Il y a un mais.

Depuis deux ans, C. et G. ont un site qui fait la promo du gîte tout choupi qu’ils louent aux vacanciers dans la jolie région des Corbières. On y trouve de belles photos pleines de soleil qui donnent envie de prendre des vacances – et même que si on ferme les yeux, on peut déjà humer le thym et le romarin, entendre les cigales et sentir l’eau de mer entre les doigts de pied (ça se voit que je manque de vacances ?).

Où est le problème, me direz-vous ? Eh bien sur le site, il y a un bouton :

Tu penses bien, lecteur qui me connais bien depuis tout ce temps de ce blog, que perverse comme elle est, Cousine Les piles, c’est le premier truc qu’elle a repéré et sur lequel elle a cliqué.

Et là, c’est le drame.

Parce que c’est Google Traduction qui prend les choses en main.

Souvent, c’est seulement drôle et/ou incompréhensible :


Ça devient gênant quand on passe à côté d’informations qui ont vaguement plus d’utilité :

(Discrimination anti-Anglais, donc, qui doivent garer leur voiture vachement plus loin que les Français.)

Ailleurs, un itinéraire de promenade soigneusement détaillé en français devient une énigme digne d’une mauvaise fantasy dans la version anglaise :

C’est un peu embêtant aussi de transformer allègrement une consigne anti-incendie en interdiction d’utiliser une arme à feu :

Et je crains que la traduction de la rubrique « Livre d’or » ne rende pas tout à fait justice au charme des lieux :

Je suis bien embêtée avec tout ça.

– C. et G., wie gesagt, je ne les ai jamais au téléphone. Vous me direz : « C’est l’occasion de les appeler. » Oui mais non, je ne me vois pas les appeler l’air de rien et orienter illico la conversation sur ce sujet. Vraiment pas.

– le gîte choupi, ce n’est pas leur activité première dans la vie, c’est une source de revenus annexe. A part ça, ils ont un boulot, tout ça tout ça.

– il paraît qu’ils n’ont aucun mal à le louer, leur gîte choupi. Alors pourquoi paieraient-ils un traducteur pour avoir un site en anglais digne de ce nom ?

– si c’était de la traduction anglais > français, je la ferais moi-même et je leur proposerais de m’offrir en échange une semaine de location dans leur gîte. Mais ça ne marche qu’avec la famille, ce genre de choses. Donc pour faire traduire leur site français > anglais, il faudrait trouver un autre modus operandi.

Je n’ai pas de solution. Je peux bien sûr attendre le prochain enterrement mon mariage la prochaine réunion familiale pour leur glisser un mot à ce sujet, mais en attendant, ce site existe et me fait mal aux yeux rien que d’y penser.

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